MIKUAN & NIPEN
Tournage discret à Québec
Secret de Polichinelle, les
tournages ne sont pas légion à Québec. N'empêche, une émission pour enfants,
diffusée d'un océan à l'autre, est entièrement réalisée dans la capitale, et ce,
depuis quatre ans.
Si le titre de Mikuan &... ne vous dit rien, c'est sans doute
parce que la série n'est pas inscrite à la programmation de l'un ou l'autre des grands
réseaux populaires, mais plutôt à celle de la chaîne APTN (poste 58), station
autochtone qui diffuse dans tout le Canada, aussi bien en français, en anglais et en
langue autochtone.
Spécialement conçue pour les enfants, Mikuan &... permet aux
jeunes de se frotter aux principes de base de la vie, à travers des légendes autochtones
provenant d'un peu partout au Canada.
Alors que Mikuan et Ashini est actuellement en ondes au réseau APTN,
une équipe d'une quinzaine de personnes tourne Mikuan & Nipen, jusqu'au 15
décembre, pratiquement en catimini, dans un studio de fortune aménagé dans les anciens
locaux d'un concessionnaire d'automobiles, sur le boulevard Hamel.
Tournée successivement dans les deux langues - français et innu - Mikuan
& Nipen compte sept épisodes. Ce qui équivaut à 14 au dire de Denis Boivin,
coordonnateur de la réalisation en français, parce que le montage diffère selon la
langue.
La version innue est réalisée par Jean-Louis Fontaine, qui est également
auteur du scénario avec Josée Laflamme. Le duo a consacré pas moins de huit mois à la
recherche et à l'écriture de Mikuan & Nipen, sous la supervision de Sylvie
Payette.
Légendes
Mikuan, la jeune Innu au cur de la série, s'évertue avec son ami
Nipen, à tout mettre en uvre pour délivrer son grand-père, coincé dans le monde
des légendes.
Chacun des épisodes suit le même tracé, amenant les deux personnages à
pénétrer dans une grotte d'où ils basculeront dans le corridor des légendes, pour en
rapporter un élément ou une valeur, nécessaire à la libération du vieillard.
Au dire des deux réalisateurs, Mikuan &... est la meilleure
série pour enfants actuellement diffusée à la télé. «Toutes les émissions pour les
jeunes sont plutôt des comédies de situation, tandis que Mikuan &... se
démarque par son contenu original puisé à même le patrimoine autochtone.» Le ton est
néanmoins léger, mêlant suspense, légende et musique.
En plus des deux principaux acteurs, Dina Bacon et Waubnasse Simon, la série
fait appel à une cinquantaine de figurants autochtones qui portent tous des costumes
différents.
D'ailleurs,
Annie Pilote fera la lutte à ses pairs de Rumeurs, Le match des étoiles, Le
cur a ses raisons et Cover Girl, pour l'obtention d'un prix Gémeau, pour
la création des costumes.
Défi linguistique à relever
Tourné avec un
budget de moins de 500 000$, Mikuan & Nipen, comme les trois précédentes
séries, se heurte à un problème de taille: la langue.
Eh effet, précise Jean-Louis Fontaine,
scénariste et réalisateur innu, il y a 53 nations autochtones au Canada. Celles-ci
parlent 13 langues qui se subdivisent en 11 familles linguistiques.
Par conséquent, il
est impossible de tourner une série comme Mikuan & Nipen dans une seule
langue. «Il y a des figurants de toutes les nations autochtones du Québec et certains ne
peuvent échanger entre eux, tout simplement parce qu'ils ne parlent pas la même
langue», précisent les deux réalisateurs.
Pour régler le
problème, il a donc été décidé que toute la portion qui se déroule dans le monde des
légendes serait... mimée. De plus, le scénario, d'abord écrit en français, est
traduit au son en innu, pour que tous soient en mesure de le comprendre.
«C'est un travail
insoupçonné!», poursuit le duo en ajoutant que les décors d'arrière-plan sont peints
par des artistes autochtones et qu'ils ont parfois recours à l'animation.
«Mikuan &
Nipen est tourné avec un budget équivalant à 10 % d'un budget normal à
Radio-Canada», ironise Denis Boivin, précisant que la série est principalement
financée à partir d'une enveloppe particulière pour les tournages autochtones à même
le Fonds des télévisions de Téléfilm Canada. |