Le Journal de Québec, dimanche 23 août 2009, Suzanne Martel

Shaputuan, sitcom à saveur urbaine

Lors du passage du Journal, vendredi, on tournait une scène où les trois pensionaires de Shaputuan s’en vont à la chasse à bord d’un... camion de pompiers. Propriété d’André Larue, il s’agit d’un camion datant de 1945 qui a été en service à Courville, comme son proprio et son père avant lui, qui ont tous deux été pompiers.

Photo DIDIER DEBUSSCHERE

Fondée et dirigée par Mamilou (Louisette Dussault), une Huronne-Wendate qui a toujours vécu en milieu urbain, la maison Shaputuan vise à accueillir les autochtones de passage à Québec pour leur permettre de s’acclimater plus facilement à la ville.

Pour y arriver, Mamilou, qui ne parle plus le wendat et dont la connaissance des traditions est limitée − ce qui lui vaut d’ailleurs le surnom d’Indienne de ville − peut compter sur l’aide de sa jeune cousine, Aitassit (Dina Bacon). Partie de Schefferville, celle-ci est à Québec pour terminer son secondaire, mais éprouve d’énormes difficultés en anglais.

Son apprentissage de « l’angla » fera d’ailleurs l’objet du deuxième épisode, alors que Mamilou embauchera le voisin, M. Dickinson (Jean-Jacqui Boutet), un anglophone qu’elle a connu alors qu’ils travaillaient dans la même commission scolaire et que, visiblement, elle ne laisse pas du tout indifférent. Mais ça, c’est une autre affaire...

L’histoire principale porte sur la vie à Shaputuan et sur ses pensionnaires dont Metueu (Mélissa Mollen-Dupuis), une très colorée accro au bingo, Patapateu (Marco Collin), un concierge... maladroit, et un pompier (Waubnasse Simon) qui en pince pour la jeune Aitassit. D’ailleurs, chacun des épisodes se terminera par une fausse alerte qui amènera inévitablement le pompier et le voisin dans le décor. L’amour mais surtout l’humour sont de la partie.

En tant que scénariste, Denis Boivin avoue profiter de la série pour aborder quelques problèmes bien réels éprouvés par les autochtones, comme la quasi-impossibilité pour eux d’ouvrir un compte de banque parce que réputés non solvables.

Il a aussi choisi de défendre l’authenticité de la langue française telle que parlée par les autochtones avec leur accent chantant et certains mots qu’ils oublient parfois de prononcer, comme c’est le cas par exemple avec les cours « d’angla ». « Curieusement, on accepte l’accent des Haïtiens, des Africains, des Vietnamiens et de plein d’autres, mais pas celui des autochtones », soutient le producteur.

Le tout, bien sûr, avec un soupçon d’humour. Précisons d’ailleurs que l’ex-journaliste et ex-chef de pupitre du Journal de Québec Yvon Pellerin, scénariste à ses heures, collabore à la série en concevant des gags et des jeux de mots à partir d’expressions autochtones.

Copyright (C) 2009, K8e K8e Productions Artistiques et Culturelles inc.