Aness :
Un Robert Bateman innu
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Ernest
Dominique se qualifie de « peintre explorateur ». |
Sans la peinture, Ernest Dominique ne sait trop ce
qu'il serait devenu. Peut-être aurait-il, comme beaucoup de ses
compatriotes autochtones, sombré dans l'alcool, la drogue, le désespoir.
Aujourd'hui, l'artiste originaire de Schefferville présente ses œuvres
un peu partout, jusqu'au Musée du Louvre, à Paris.
C'est ce destin hors du commun que raconte le
documentaire Aness, de Denis Boivin, présenté mercredi, en
première, à l'auditorium de l'Auberge Saint-Antoine.
C'est lors du tournage des séries autochtones pour
enfants Mikuan que le cinéaste de Québec a fait la connaissance du
peintre de 43 ans. «Il peignait les décors du plateau de tournage. Je me
suis rendu à son atelier. J'ai été sidéré (par son travail)», explique
le réalisateur, de la compagnie de production de Wendake K8e K8e.
Ernest Dominique, dit Aness ? en raison de
l'incapacité de sa grand-mère à prononcer le «r» de son prénom... ? se
raconte de façon troublante dans ce documentaire. Son enfance dans la
pauvreté, ses premiers dessins, son flirt avec l'alcool, le départ de
son village pour aller étudier à Jonquière et Québec, l'artiste aborde à
visière levée les multiples facettes de sa vie. Et, par la bande,
l'histoire des Montagnais de Schefferville et de Lac-John.
«Quand tu fais le portrait d'un artiste innu, il
faut que tu fasses aussi celui de sa nation», précise Denis Boivin au
sujet de son sujet d'étude, qui vit maintenant à Malioténam, près de
Sept-Îles.
L'artiste innu peint la faune de la forêt avec une
minutie incroyable dans les détails. Du grand art. Son coup de pinceau
n'est pas sans rappeler le peintre animalier Robert Bateman, l'une de
ses grandes inspirations. Lui préfère se qualifier de «peintre
explorateur». À sa façon, Ernest Dominique est devenu lui aussi un
modèle pour la jeunesse autochtone.
Tourné en français et en innu, Aness sera
télédiffusé à ARTV en 2009. |